La disparition mystérieuse de Deux Egyptiennes coptes qui Se seraient converties à l’islam(Le Monde(
Que sont devenues les deux épouses de prêtres coptes égyptiens qui avaient fui le domicile conjugal? En Egypte, ces deux affaires opposant, en2004 et 2010, communautés coptes et musulmanes autour de suspicions de conversions forcées et de disparitions, continuent de susciter tensions et rancœurs.
Personne cependant ne s’attendait à ce qu’Al-Qaida s’empare de la polémique. Lundi 1er novembre, l’Etat islamique d’Irak, groupe affilié à la nébuleuse de Ben Laden, revendique la prise d’otages, la veille, de l’église syriaque-catholique de Bagdad, et adresse un ultimatum…à l’Eglise copte d’Egypte. Cette dernière dispose de quarante-huit heures pour «libérer» les deux femmes «retenues prisonnières dans des monastères».
La première,Wafa Constantine, avait quitté son mari et s’était convertie à l’islam. La seconde, Camilla Chehata, en aurait fait autant.Pour calmer la communauté copte qui, à chaque fois, est descendue dans la rue dénonçant des «enlèvements», et pour éviter des affrontements communautaires, l’Etat égyptien a procédé de façon similaire. Les deux femmes ont été «récupérées» par les services de sécurité et remises à l’Eglise.
La colère a alors changé de camp, une partie des musulmans s’émouvant du «retour forcé» à la chrétienté de ces «soeurs» converties à l’islam ainsi que du silence qui semble leur avoir été, depuis, imposé par l’Eglise.
«Séquestration dans le monastère de Wadi Natroun», «meurtre de Wafa Constantine» et autres rumeurs ont envahi les blogs et les forums de discussions des sites islamiques. Le site YouTube abonde de vidéos à la gloire de ces «martyres, victimes du terrorisme de l’Eglise copte».
«L’histoire de ces femmes a déclenché la colère de la rue égyptienne qu’Al-Qaida veut exploiter en apparaissant comme le défenseur des droits des femmes musulmanes, analyse Hossam Tamam, un journaliste égyptien spécialiste de l’islam politique. Al-Qaida espère renforcer son capital de sympathie en Egypte, plus grand Etat arabe sunnite où se côtoient toutes les forces islamiques, officielles, comme les autorités d’Al-Azhar, ou officieuses, comme les Frères musulmans et autres.»
«Al-Qaida sur le Nil»
«Sa stratégie consiste à tirer profit d’une inquiétude mondiale autour du sort des chrétiens d’Orient sachant que cela captera l’attention médiatique, ajoute M.Tamam. Il s’agit de revenir sur scène après avoir perdu du crédit en Egypte et dans le monde musulman.»
L’Egypte doit-elle s’inquiéter de ces menaces? «Al-Qaida sur les rives du Nil, c’est tout au plus des groupuscules d’une dizaine d’individus qui peuvent, peut-être, réussir un coup d’éclat à l’occasion, relativise M.Tamam. Mais cet ultimatum est plus une tentative de masquer l’échec de son projet politique en Irak et de provoquer un ultime sursaut chez ceux qui sont sensibles au thème de la séquestration par l’Eglise de femmes [converties à l’islam].»